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Rencontre

Nikki Küntzle : de l’art public rassembleur et vibrant

Claire-Marine Beha

Radio-Canada

Écrit le

Son terrain de jeu favori étant l’espace public, l’artiste visuelle Nikki Küntzle donne vie à des murales et à des œuvres urbaines joyeuses et surréalistes, qui se démarquent grâce à leurs couleurs vives et saturées. Dans son travail, on trouve plusieurs thématiques qui lui sont chères : l’inclusion, le féminisme, l’identité queer ou encore la santé mentale.

Pour cette créatrice, qui vit avec une maladie chronique, il est nécessaire de respecter ses limites sans toutefois se laisser freiner par sa condition. Ludique et empreint de personnages étonnants, son art nous propose un temps d’arrêt pour la contemplation.

À l’occasion du Festival Fierté Montréal, Nikki Küntzle a conçu l'installation Éphémère pour Radio-Canada, grand partenaire du Festival. Éphémère est une structure en forme de papillon de 12 pieds de haut, exposée sur le site principal, l'Esplanade du Parc olympique. Cette œuvre, devant laquelle il est possible de faire une photo souvenir, est une invitation à saisir toute la symbolique du papillon : un insecte qui incarne la perpétuelle transformation, la complexité, mais aussi la diversité et la curiosité.

Pour en savoir plus sur l’artiste, nous lui avons posé quelques questions.

Parle-nous un peu de toi et de ta rencontre avec l’art.

Je m’appelle Nikki, mes pronoms sont elle et iel, et je suis canado-allemande. Je vis à Montréal depuis 10 ans, mais je suis originaire des Prairies canadiennes; j’ai grandi dans une région rurale du Manitoba. Je vis avec une maladie neuromusculaire auto-immune. J’ai toujours été créative et l’art est l’outil qui me permet de m’exprimer le mieux depuis l’enfance. Quand j’ai déménagé à Montréal, en 2014, j’ai immédiatement été très attirée par l’art urbain et par la richesse de la scène en art public ici.

Je m’inspire beaucoup de l’illustration, du design graphique et de la culture populaire pour concevoir mon univers visuel, et j’aime utiliser des couleurs vibrantes qui ne laissent personne indifférent. Mon art peut aussi faire beaucoup penser à l’univers des dessins animés.

Parle-nous de ta relation avec l’art public. Qu’est-ce que tu aimes dans le fait de créer dehors, au contact des gens?

Ce que je préfère de l’art public, c’est son accessibilité. Il n’y a rien à payer pour observer et profiter des œuvres d’art. Ces dernières ne sont pas exposées derrière une vitre en verre, réservées uniquement au regard d’un public privilégié qui aurait les moyens de venir les voir. Non, les œuvres urbaines existent dans les espaces publics pour que tout le monde puisse en bénéficier.

Peindre dehors, c’est génial. J’aime tellement travailler au soleil. C’est une chance, de faire ce métier. C’est agréable et enrichissant de discuter avec les passants et passantes, notamment les résidents d’un quartier. Généralement, les gens sont heureux d’accueillir une nouvelle murale dans leur secteur, donc c’est un moment où tout le monde est souriant et joyeux. Malheureusement, lorsqu’on travaille à l’extérieur en tant que femme, ou en tant que personne se présentant de manière plus féminine, on peut subir du harcèlement, voire se trouver dans des situations dangereuses.

Quelles sont tes principales inspirations?

Je dirais les couleurs et la nature, ainsi que ma propre humeur. J’aime me promener dans la rue et regarder avec attention les fleurs et les plantes, qui sont tellement belles. Elles possèdent des couleurs très intenses et parfois des formes inusitées et audacieuses.

J’apprécie également les graffitis et l’art urbain; j'examine le contraste qui se dégage des couleurs vives des œuvres et de leur personnalité en opposition aux tons plus neutres, plus gris des architectures de la ville. C’est très inspirant.

Parle-nous de l'œuvre que tu as créée pour le Festival Fierté Montréal.

Cette pièce m’a été commandée par Radio-Canada. Les ailes du papillon portent les couleurs du drapeau arc-en-ciel de la communauté LGBTQIA+. C’est drôle, car j’ai récemment réalisé une œuvre très similaire à celle-ci, un sac en tissu que j’ai illustré pour Reitmans à l’occasion du Mois des Fiertés, donc j’y vois une belle connexion. La forme des ailes fait également référence au logo de Radio-Canada. J’ai aussi peint des nuages, dont certains sont en forme de cœur, qui représentent l’amour et le soutien pour la communauté queer.

Le crédit revient également à l'agence Franchir pour la conception et la fabrication de la structure est signée Élément numéro six.

Quelle est ton œuvre publique préférée à Montréal?

Ma murale préférée a été réalisée cet été, lors du Festival Mural. C’est une œuvre de l’artiste Lauren YS, que j’admire. Iel possède un style et une expertise en matière de couleurs absolument remarquables. Vous pouvez aller voir cette magnifique murale de vos propres yeux; elle se situe à proximité de l’intersection des rues Saint-Viateur et Saint-Laurent.

Ne manque pas Éphémère, de Nikki Kuntzle, sur l'Esplanade du Parc olympique lors des célébrations du Festival Fierté Montréal.